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Ceux qui ont probablement connu l'existence du château du Bazaneix

 

 

Bernard de Ventadour (1121 - abbaye de Dalon 1195)

Il est né au pont Roudal dans l’environnement du château de « Ventadoro » où ses parents travaillaient pour Ebles II de Ventadour (1089 – 1149) dit « lo cantador » (le chanteur).
Sa mère chauffait le four à pain et son père maniait les armes.
Son instruction chez les moines de Moustier est en décalage avec ses origines modestes à tel point que je me suis demandé si l’aide d’Ebles II de Ventadour ne cachait pas autre chose, à savoir une paternité. Le fait même qu’il ait pris le nom de Ventadour incline à penser cela, encore qu’à l’époque les gens avaient le nom du lieu qu’ils habitaient. Les premiers noms de famille remontent au XIème siècle en Italie du nord, assurément activés par un christianisme qui a besoin d’identifier ses ouailles.
L’année 1148 et son aventure avec Marguerite de Turenne (née en 1119) posera une véritable énigme. Chassé en 1150 du château de Ventadour par Ebles III (mari de Marguerite de Turenne et fils d’Ebles II mort l’année précédente au monastère du Mont Cassin à son retour de la deuxième croisade), Bernard ira en Angleterre (1152 – 1155) rejoindre la cour d’Aliénor d’Aquitaine dont le grand-père, Guillaume IX (22 octobre 1071 – 10 février 1126), premier troubadour connu, était l’ami de son défunt protecteur, Ebles II de Ventadour.
Ses chansons de geste sur l’amour impossible nous informent sur sa vie tourmentée, creuset infini d’inspiration. 44 de ses œuvres sont parvenues jusqu’à nous comme : « quan vey la lauzeta mover » (quand je vois passer l’alouette),  « be la volgra sola trobar » (que j’aimerais la trouver seule),  nuit et jour je médite, …

bernard de ventadour

 

Giraut de Bornèlh (1138 - 1205)

Né à Bourneix (canton d’Excideuil – Dordogne), ce maître des troubadours à une vie équivoque en refusant de prendre femme. Était-il volage, homosexuel ou simplement un individualiste né? Il fréquente la cour d’Adhémar V de Limoges (1135 - 1199) qui n’est autre que le fils d’Adhémar IV de Limoges (1110 – 1148) et de la célèbre Marguerite de Turenne (1119 – 1201) qui fut l’amante de Bernard de Ventadour (du printemps 1149 à début 1150). Il fréquente aussi la cour aragonnaise du roi troubadour Alfons II. Ce détail pourrait faire croire que c’était lui le deuxième troubadour provençal qui se rendit avec Gaucelm Faidit en 1198 à la cour du roi Imre de Hongrie pour accompagner Constance d’Aragon, fille d’Alfons II. Son âge élevé (60 ans en 1198) anéantit cette hypothèse. Il est évident que le deuxième troubadour était le fougueux Peire Vidal âgé, lui, de 36 ans. A propos de Constance notons quand même que veuve après 6 ans de mariage, elle se remariera en 1208 avec un « gamin » de 14 ans, le fameux Frederick II (26 décembre 1194 – 13 décembre 1250) dont elle sera la première de ses 9 femmes.
Giraut de Bornèlh nous a laissé 76 poèmes d’une limpidité et fluidité remarquable.

guiraut de bornelh

 

Bertran de Born (1140 - abbaye de Dalon 1214)

Né au château de Born près de Salagnac (canton d’Excideuil – Dordogne), il est vicomte d’Hautefort.
Le château d’Hautefort existait déjà à la fin du Xème siècle. Ses transformations furent multiples jusqu’au dramatique incendie d’août 1968. Son propriétaire de l’époque demanda de l’aide et écrivit un livre pour faire face au gouffre financier occasionné par les travaux de restauration. Au début des années 70 au rayon livres et disques du magasin du Printemps il dédicaçait volontiers son livre à tout acheteur, dont je fus. Hautefort ressuscita de ses cendres quelques années plus tard, tel le phoenix.
Mais revenons au belliqueux seigneur Bertran de Born  toujours en conflit avec quelqu’un, y compris son frère Constantin. Assez riche pour  n’avoir besoin de la protection de personne il couche sa verve sur parchemin. Il est l’ami de Richard Cœur de Lion peut-être pour faire un pied de nez au père de celui-ci, le roi d’Angleterre Henri II en froid avec son fils, mais aussi pour ennuyer le roi de France Philippe Auguste.
Cet agitateur né nous a laissé 47 œuvres (chansons, sirventès, pièces politiques, …). Il se mariera au moins deux fois et aura 5 enfants. Une de ses filles prénommée Aymeline (1181 - ? ) aura en 1198 un fils prénommé Gérard avec son mari Séguin II de Lastours. Elle est enterrée dans l’église Sainte Trie située sur les terres de l’abbaye de Dalon, aujourd’hui disparue, là où son père finit sa vie.

bbertran de born

 

Peire Vidal (1162 - 1209)

Il est né à Toulouse dans une famille bourgeoise, son père était fourreur. Il se fait remarquer par ses prises de position politiques toujours liées à une passion amoureuse sincère en arrière plan. Sa vie tumultueuse est digne d'un roman. Il est le prptégé de Raymond V de Toulouse qui apprécie sa liberté d'esprit et son indépendance. Pour les mêmes raisons, il est également un habitué de la cour d'Alphonse II d'Aragon. Après la mort de ce dernier le 25 avril 1196, c'est lui qui avec Gaucelm Faidit accompagnera en 1198 sa fille Constance à son mariage avec le roi Imre de Hongrie. De là, en 1202, il regagnera la quatrième croisade ce qui lui donnera l'occasion de parcourir la Croatie, la Palestine, ainsi que Malte et l'Italie à son retour en 1204. Apparemment, lui et Gaucelm Faidit ont été marqués par cette expérience éprouvante au point de ne plus pouvoir écrire après. Pourtant cette croisade s'est essentiellement déroulée en Turquie (Constantinople) et non en Palestine ce qui aiguise encore plus la curiosité. 49 de ses oeuvres nous sont parvenues.

peire vidal

 

Gaucelm Faidit (1166 - 1210)

Ce natif de la ville d’Uzerche a un nom qui sonne furieusement oriental bien que d’aucun prétende que cette ville résista bien aux invasions sarrazines du VIIIème siècle. Même le prénom Gaucelm ressemble à l’arabe Ghazi. Mauvais chanteur mais auteur compositeur de grand talent ses origines bourgeoises l’aideront à s’investir totalement dans cet art. Bon vivant, bien enrobé, il prend pour compagne une ancienne prostituée qui le suivra dans ses périples et ses excès de table. Au château de Ventadour, Marie de Ventadour (femme d’Ebles V de Ventadour) et elle-même encline à la poésie soutiendra les œuvres (une dizaine) qu’il écrira pour elle. Ses moqueries à l’égard d’Elias d’Ussel pour ses attitudes presque pingres dans sa vie au château de Charlus lui vaudront quelques cinglantes répliques de la part de ce dernier.
Il parcourt le Poitou, la Bretagne, la Provence, l’Italie et même la Hongrie (en 1198) pour accompagner Constance (1183 – 23 juin 1222),  la fille d’Alfons II d’Aragon (mai 1152 à Barcelone – 25 avril 1196 à Perpignan) qui s’en va épouser Imre (1174 – 30 novembre 1204 à Eger), roi de Hongrie et de Croatie depuis 1196. De cette union naîtra en 1199 un fils nommé László qui disparaîtra six ans plus tard , le 7 mai 1205 à Székesféhervár. Béla III, le grand père de ce petit László, convola par deux fois avec des françaises (Anne de Châtillon et Marguerite de France,  fille aînée du roi Louis VII et  Constance de Castille). C’est à cette période (1172 – 1196) que les relations franco-hongroises sont à leur apogée. En 1202 le roi Imre fonde une abbaye cistercienne à Kercen (partie hongroise de l’actuelle Roumanie).
À la Cour du roi Imre, en la ville d’Esztergom, s’installera en 1198 un autre troubadour « provençal » : l’original Peire Vidal (1162 – 1209) aux multiples frasques amoureuses. Ce « chansonnier » avant l’heure fut le protégé d’Alfons II d’Aragon dont il avait un immense respect. Nul doute que c’est lui qui monta l’équipée avec Gaucelm Faidit pour conduire la fille de son protecteur à son mariage en Hongrie.
Quatre ans plus tard Gaucelm Faidit quitte la Hongrie avec son ami Peire Vidal pour vraisemblablement rejoindre le port chrétien de Zara (aujourd’hui Zadar en Croatie), un fief du roi Imre. Il y embarquera pour participer à la quatrième croisade (1202 – 1204) en tant que pèlerin, peut-être en souvenir de Richard Cœur de Lion (8 septembre 1157 à Oxford - 6 avril 1199 à Châlus-Chabrol) qu’il connaissait et admirait. À son retour en Limousin sa popularité s’émousse. Nous perdons la trace de ses activités malgré une œuvre déjà riche de 75 poèmes.

gaucelm faidit

 

Les 4 d'Ussel (fin du XIIème siècle - début du XIIIème siècle)

Voir la page qui leur est consacrée

 

 

 

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